(Cette page a été composée à partir d'éléments rassemblés par le Docteur COLLET et affichés sur les murs de la chapelle Saint Roch)
Biographie de Saint Roch
Statue conservée à la chapelle saint Roch
Roch serait né au XIVème siècle à Montpellier. C'est le seul point sur lequel tous les textes médiévaux qui le concernent sont unanimes.
Bien que saint Roch ait été, entre la fin du Moyen Age et le XIXème siècle, un des saints les plus vénérés dans le monde catholique, il faut reconnaître qu'on ne sait pas grand-chose de précis sur son compte. Les sources anciennes qui parlent de lui sont en effet peu explicites, en particulier sur le plan chronologique, et les rares données concrètes qui s'y trouvent sont obscurcies par l'adjonction d'innombrables épisodes plus ou moins légendaires.
Selon le plus ancien et le plus digne de foi, la Vie anonyme connue sous le nom d'Acta Breviora et composée sans doute en Lombardie vers 1430, sa naissance serait consécutive à un voeu fait par ses parents qui se désolaient de ne pas avoir d'enfant. Devenu bientôt orphelin, il vendit tous ses biens au profit des pauvres et partit en pèlerinage à Rome. Sur le chemin, il s'arrêta dans un hospice à Acquapendente, en Toscane, où il prêta assistance à des malades atteints de la peste. Il ne tarda pas à y opérer des guérisons miraculeuses. De là, il serait passé par Césène avant d'atteindre Rome, où il guérit un cardinal qui le présenta au pape.
Environ trois ans plus tard, il prit le chemin du retour par Rimini et Plaisance. En cette dernière ville, il contracta la peste et dut se retirer dans un bois des environs, où il fut nourri par son chien qui allait chaparder du pain dans les maisons voisines. Le comportement étrange de l'animal frappa un patricien de la cité qui pénétra à sa suite dans le bois et y découvrit saint Roch. Cet homme de bien, qui s'appelait Gottardo Palastrelli, le recueillit et le soigna et , sous son influence, se mit à mendier de porte en porte. Quelque temps plus tard, un ange apparut au serviteur de Dieu et le guérit miraculeusement. Quittant sa retraite, il voulut retourner dans son pays mais il fut bientôt arrêté à Angera, près du Lac Majeur, par des soldats qui l'accusèrent d'être un espion. Jeté en prison, il y mourut cinq ans plus tard. Les prodiges qui entourèrent son corps attirèrent l'attention sur lui et l'on découvrit par la suite que Roch était le neveu du gouverneur de la forteresse. Ses restes furent alors solennellement ensevelis dans un église dont le nom n'est pas indiqué.
Saint Roch et la peste en Europe (XIVème - XVIIème siècle)
La naissance et l'essor du culte de Saint Roch en Occident coïncident de façon à peu près exacte avec les grandes épidémies de peste qui s'abattirent sur la plus grande partie de l'Europe à partir de 1346. La plus meurtrière fut la fameuse peste noire de 1346 à 1353. Venue d'Asie, elle ravagea successivement l'Italie, l'Espagne et la France, où elle fit périr entre le tiers et la moitié de la population, puis l'Europe centrale, l'Allemagne, la Flandre et les îles Britanniques, avant de s'éloigner vers les pays Baltes et la Scandinavie.
Mais si cette première attaque de la peste bubonique a laissé une marque profonde dans les esprits par sa brutalité et par l'effondrement démographique qu'elle entraîna, le phénomène le plus grave fut en fait le retour périodique de l'épidémie. Jusqu'à la fin du XVème siècle, en effet, la peste sévit à l'état endémique, provoquant chez les hommes de ce temps une inquiétude et une angoisse permanentes et affectant leur vie quotidienne. Une telle menace ne pouvait pas ne pas se répercuter au niveau des croyances et des réactions affectives.
Les attributs de Saint Roch dans l’iconographie
Les œuvres d’art représentant saint Roch présentent un ensemble de caractéristiques communes et quelques variantes dans le détail.
Roch est toujours figuré comme un homme dans la force de l’âge, d’une stature élevée, portant le plus souvent la barbe, signe distinctif du voyageur.
Sur ses plus anciennes effigies, il est simplement représenté dans le costume traditionnel du pèlerin : le chapeau à larges bords désigne le « romieu » en route vers la ville éternelle, tandis que la « Véronique » (ou Sainte-Face) et les coquilles rappellent les pèlerinages de Jérusalem et de Saint Jacques de Compostelle. Sa tunique est serrée à la taille par une courroie, et des molletières d’étoffe entourent ses jambes. Ses accessoires traditionnels - le bourdon, ou bâton de pèlerin, la gourde et la panetière – le rapprochent du reste de Saint Jacques ou de San Pellegrino en Italie.
Cette tenue correspond exactement à la description qu’en donnent les textes hagiographiques le concernant. Ainsi, en Italie, Saint Roch est souvent représenté avec un justaucorps de couleur rouge et un manteau d’étoffe grossière, conformément aux indications données par son biographe le vénition Francesco Diedo.
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Il existe à Césène, en Emilie, une peinture qui passait pour être le vrai portrait du saint, mais ce tableau est trop éloigné de la mort de saint Roch pour que l’on puisse ajouter foi à cette affirmation. Les traits de son visage sont donc purement conventionnels.
Le pouvoir de saint Roch contre la peste tient au fait qu’il fut lui-même atteint de cette maladie et qu’il en guérit. Sa statuaire s’inspire essentiellement de cet épisode de sa vie qui était aussi celui qui intéressait le plus les fidèles. Aussi représente t’elle le saint en train de découvrir le bubon pesteux qui normalement devrait être situé dans la région de l’aine mais qui, pour des raisons de décence, est figuré à mi-cuisse. Les représentations du bubon, sa place en particulier, sont extrêmement variées. Quand le saint est debout, il se situe généralement à gauche, sans que l’on sache s’il s’agit d’accentuer le côté « sinistre » du mal, ou de permettre le mouvement par lequel, de son index droit, le pèlerin thaumaturge désigne sa lésion. Le plus souvent, celle-ci a la forme d’une plaie verticale, linéaire ou ovale, symbolisant soit la blessure par flèche (symbole de la peste) soit l’incision chirurgicale qui était pratiquée pour tenter d’y porter remède. Certains artistes y ajoutent même quelques gouttes de sang ou de pus. A l’époque moderne, ce réalisme s’atténue et la plaie est généralement dissimulée par un bandage.
Les auxiliaires de Roch
Aux côtés de Roch on note parfois la présence, sur les peintures, d’un ange et d’un chien. L’ange intervient tantôt comme annonciateur de la terrible maladie qui l’éprouva, tantôt comme consolateur du malade, tantôt encore comme soigneur du bubon infectieux. Ce rôle d’infirmier céleste est conforme à la tradition qui veut que saint Roch ait été visité et guéri par un ange. Quant au chien de saint Roch, bientôt aussi populaire que le cochon de saint Antoine, il n’apparaît dans l’iconographie qu’à l’extrême fin du XVème siècle. Par suite d’une contamination avec l’histoire de saint Lazare, patron des « ladres » ou lépreux, il lèche parfois les plaies du pestiféré. Mais le plus souvent, il est accroupi à ses côtés et tient dans ses crocs le pain qu’il dérobait à la table de Gottardo pour nourrir son maître malade réfugié dans les bois.
A partir du XVI ème siècle apparaissent de véritables cycles de peinture ou de vitraux représentant les principaux épisodes de la légende de saint Roch, comme celui du Tintoret à la célèbre Scuola di san Rocco de Venise ou les verrières de saint Etienne d’Elbeuf.
Parmi les thèmes les plus souvent représentés, il faut mentionner la distribution par saint Roch de ses biens aux pauvres, sa maladie et son éloignement dans la forêt, ou l’emprisonnement du pèlerin et la visite de l’ange.
Mais c’est surtout la guérison des pestiférés qui constitue le thème privilégié des artistes, en particulier dans l’art allemand ou l’on a souvent représenté le saint en costume de pèlerin visitant des malades dans une salle d’hôpital où ils sont couchés trois par trois dans le même lit !