Reposoir, Collégiale Saint Martin à Saint Rémy de Provence
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Après
la multiplication des pains, la foule dit à Jésus : « Quel signe vas-tu
accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle oeuvre
vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit
l'Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Jésus leur répondit : « Amen, amen,
je
vous le dis : ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel
; c'est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de
Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.
»
Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. »
Jésus leur répondit : « Moi, je suis
le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim ;
celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif. »
[Jean
6,30-35 ]
Quand
l'heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Et il
leur dit : "J'ai désiré ardemment de manger cette Pâque avec vous,
avant que je souffre ; car je vous dis que je n'en mangerai pas,
jusqu'à ce que qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. Et ayant
pris une coupe et rendu grâces, il dit : Prenez-la et distribuez-la
entre vous ; car je vous dis que je ne boirai plus désormais du produit
de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu." Et ayant
pris du pain, et rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant
: "Ceci est mon corps, qui est donné
pour vous ; faites ceci en mémoire de moi" ; et de même aussi la
coupe, après avoir soupé, en disant : "Cette
coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous."
[Luc,
22.7-22.23]
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Extraits
d'un
sermon sur la Communion, par saint Jean Marie Vianney, Curé d'ARS.
Les
uns demandaient [à Jésus] la vie, les autres, la guérison de tout
leur
corps ; et personne ne se retirait sans avoir obtenu ce qu'il désirait.
Je vous laisse à penser s'il veut bien accorder tout ce qu'on lui
demande. Quels torrents de
grâces ne doit-il pas accorder, lorsque
c'est lui-même qui vient dans nos cœurs, pour y fixer sa demeure
pour
le reste de nos jours ? Oh ! M.F., quel bonheur pour celui qui reçoit
Jésus-Christ dans la sainte communion, étant bien disposé ! ... Ah !
qui pourra jamais comprendre le bonheur du chrétien qui reçoit
Jésus-Christ dans son cœur, qui, par là, devient un petit ciel ; lui
seul est aussi riche que tout le ciel ensemble.
... Par la sainte communion, le sang adorable de Jésus-Christ coule
véritablement dans nos veines, sa chair est vraiment mêlée avec la
nôtre ; ce qui fait dire à saint Paul : « Ce n'est pas moi qui agis,
qui pense ; mais c'est Jésus-Christ qui agit et qui pense en moi. Ce
n'est pas moi, nous dit-il, qui vis, mais c'est Jésus-Christ qui vit en
moi . » Saint Léon nous dit que, quand nous avons le grand bonheur de
communier, nous renfermons
véritablement le corps adorable et le sang
précieux de Jésus-Christ et sa divinité dans nous-mêmes.
... En recevant Jésus-Christ, nous
recevons la source de toutes sortes
de bénédictions spirituelles, qui prennent naissance dans nos
âmes. En
effet, M.F., celui qui reçoit Jésus-Christ sent en lui la foi se
ranimer ; nous sommes plus pénétrés des vérités de notre sainte
religion ; nous sentons mieux la grandeur du péché et ses dangers ; la
pensée du jugement nous effraie davantage, la perte de Dieu nous
devient plus sensible. En recevant Jésus-Christ, notre esprit se
fortifie ; nous sommes fermes dans les combats, nos intentions sont
plus pures dans tout ce que nous faisons et notre amour s'enflamme de
plus en plus. La pensée que nous possédons Jésus-Christ dans nos cœurs,
le plaisir que nous éprouvons dans ce moment heureux semble nous unir
et nous lier tellement à Dieu, que notre cœur ne peut penser et ne peut
désirer que Dieu seul. La pensée de la possession parfaite de Dieu nous
remplit tellement que notre vie nous parait longue ; nous portons
envie, non à ceux qui vivent longtemps, mais à ceux qui partent de
bonne heure pour aller se réunir à Dieu pour jamais. Tout ce qui nous
annonce la destruction de notre corps nous réjouit.
... Le sang précieux de Jésus-Christ, qui coule dans nos veines, et son
corps adorable qui se mêle avec le nôtre, ne peut pas moins faire que
de détruire ou, du moins, d'affaiblir grandement le penchant au mal que
le péché d'Adam y avait fait naître. Cela est si vrai, M.F., que quand
l'on vient de recevoir Jésus-Christ, on sent un nouveau goût pour les
choses du ciel et un nouveau mépris pour les choses créées.
Dites-moi,
M.F., comment voulez-vous que l'orgueil puisse trouver entrée dans un
cœur qui vient de recevoir un Dieu, qui, en descendant dans son âme,
s'est humilié jusqu'à l'anéantissement ? Pourrait-il consentir à
croire que, de soi-même, il est quelque chose ? Au contraire,
pourra-t-il trouver assez de quoi s'humilier et se mépriser ? Un cœur
qui vient de recevoir un Dieu qui est si pur, qui est la sainteté même,
ne sent-il pas naître en lui l'horreur la plus exécrable pour tout
péché d'impureté ? Ne serait-il pas plutôt prêt à se laisser couper en
morceaux, que de consentir, je ne dis pas à une mauvaise action, mais
même à une mauvaise pensée ? Un cœur qui vient de recevoir, dans la
sainte communion, Celui à qui tout appartient, et qui a passé sa vie
dans la plus grande pauvreté ; qui « n'avait pas même où reposer sa
tête » sainte et sacrée, sinon sur une poignée de paille ; qui est mort
tout nu sur une croix ; dites-moi, ce cœur pourrait-il bien s'attacher
aux biens du monde en voyant la manière dont Jésus-Christ s'est conduit
? Une langue qui, depuis un instant, a été si heureuse que de porter
son Créateur et son Sauveur, pourrait-elle bien oser s'employer à des
paroles sales, à des baisers impurs ? Non, sans doute, elle n'oserait
jamais le faire. Des yeux qui, depuis peu, désiraient si vivement de
contempler leur Créateur qui est plus pur que les rayons du soleil,
pourraient-ils bien, M.F., après un tel bonheur, se fixer sur des
objets impurs ? Cela semble n'être pas possible. Un cœur, qui vient de
servir de trône à Jésus-Christ, pourrait-il bien le chasser, pour y
placer le péché ou plutôt le démon lui-même ? Voyez même : un cœur, qui
serait une fois saisi des chastes embrassements de son Sauveur, ne
pourrait point trouver d'autre bonheur qu'en lui. Un chrétien qui vient
de recevoir Jésus-Christ mort pour ses ennemis, pourrait-il en vouloir
à ceux qui lui ont fait quelque peine ? Non, sans doute ; son plaisir,
sera de leur faire du bien autant qu'il pourra. Aussi saint Bernard
disait à ses religieux : « Mes enfants, si vous vous sentez moins
portés au mal, et plus au bien, remerciez- en Jésus-Christ, qui vous
accorde cette grâce dans la sainte communion. »
La sainte communion est pour nous « le gage de la vie éternelle , » de
sorte que la sainte communion
nous assure le ciel ; ce
sont des arrhes
que le ciel nous envoie pour nous dire qu'il sera un jour notre demeure
; et, bien plus,
Jésus-Christ ressuscitera nos corps d'autant plus
glorieux, à proportion que nous l'aurons souvent et dignement reçu.
Oh
! M.F., si nous pouvions bien comprendre combien Jésus-Christ aime à
venir dans notre cœur !... Une fois qu'il y est, il ne voudrait plus
en sortir, il ne peut plus se séparer de nous pendant notre vie ni
après notre mort !... Nous lisons dans la vie de sainte Thérèse,
qu'étant apparue après sa mort à une religieuse, en compagnie de
Notre-Seigneur ; cette religieuse, étonnée de voir Jésus-Christ
apparaître avec elle, demanda à Jésus-Christ pourquoi il lui
apparaissait ainsi. Le Sauveur lui-même répondit que Thérèse, pendant
sa vie, lui avait été si unie par la sainte communion, qu'il ne pouvait
s'en séparer.
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